Le fantôme de Lady Margaret de Mary Higgins Clark


Book cover


Auteur : Mary Higgins Clark
Titre original : The Anastacia syndrome, and other stories (anglais)
Traducteur : Anna Damour
Date de publication : 1989 (traduction française: 1990)
Editions : Le livre de poche
Pages : 284
Mon avis

* Avec horreur, elle vit une femme vêtue d'une longue robe et d'une cape vert foncé passer devant les grilles de la Tour sous les huées de la foule. Elle semblait âgée d'une cinquantaine d'années. Elle marchait la tête droite, ignorant les gardes qui se pressaient autour d'elle. Ses traits bien dessinés étaient figés en un masque de rage et de haine. Des liens lui entravaient les mains par-devant, mordant dans la chair de ses poignets comme des fils de fer. Une profonde marque rouge en forme de croissant luisait à la base de son pouce dans la lumière du petit matin.*

Quel rapport peut-il y avoir entre les attentats qui ensanglantent Londres et visent la famille royale, et les recherches d'une jeune historienne sur la terrible Lady Margaret, décapitée au XVIIe siècle? La vengeance, peut-être. Ou l'hypnose?
Le surnaturel, pour des sœurs jumelles aux prises avec un psychopathe ; la passion meurtrière d'un jeune homme pour son ancien professeur ; amour, mort et loterie pour les deux amis de "Jour de chance": l'auteur de La Nuit du renard, Grand-prix de littérature policière, explore ici en cinq récits, toute la gamme du suspense et de la terreur.
Des lieux variés, différents personnages, des crimes de toute sorte, plusieurs enquêteurs chevronnés ou amateurs, du suspense… Voici les ingrédients réunis dans les cinq nouvelles du roman de Mary Higgins Clark.
« Le fantôme de Lady Margaret » est le premier des cinq récits et également les plus développé d’entre eux. Plusieurs histoires s’y entremêlent et nous plongent dans la guerre civile anglaise et la politique. Judith est une historienne qui cherche à découvrir son passé dont la route a croisé celle de Sir Stephen, prétendant au titre de premier ministre. Mais lors de recherches effectuées en vue de son prochain livre historique, il s’avère que la découverte de Lady Margaret pourrait bien mettre en péril sa relation. Surtout que plusieurs attentats dirigés contre des monuments auxquels Judith s’intéresse ont lieu et que la résolution de leur mystère presse.
Comme vous le remarquerez sans doute à la lecture de ce bref résumé, la trame narrative n’est pas des plus simples. En effet, les histoires et les époques se confondent, laissant parfois le lecteur dans une confusion habile qui contribue à garder le suspense. Le personnage principal est Judith Chase, qui se concentre d’une part sur l’écriture de son roman historique et d’autre part sur la recherche de sa véritable famille, disparue alors qu’elle n’avait que deux ans. Le lecteur entre donc dans son quotidien, partagé entre ces deux tâches, qui comprennent chacun en récit enchâssé. Nous découvrons ainsi l’histoire de Cromwell, Charles Ier et Charles II ainsi que celle de la mystérieuse Lady Margaret, et plusieurs flashbacks nous plongent dans les souvenirs de Judith – des flashbacks effrayants datant de la guerre.
Hormis ces deux « enquêtes », Judith rencontre deux personnages d’importance. Le premier, Sir Stephen, est extrêmement important car il est son fiancé. Toutefois, son travail lui prend beaucoup de temps car il espère succéder au premier ministre. Bien que moins important que Judith, il nous permet de découvrir un autre aspect important de la vie anglaise, à savoir la politique. Ce personnage est un peu cliché avec son grand manoir, ses serviteurs et ses titres prouvant qu’il descend d’une grande famille, mais il n’en est pas moins doux et gentil malgré ses lourdes responsabilités. On en vient rapidement à espérer que son mariage et sa carrière iront pour le mieux, ce qui est loin d’être gagné.
En effet, en raison d’attentats terroristes meurtriers organisés dans des lieux touristiques de Londres, la pression est plus forte encore et il n’a pas le droit à l’erreur.
L’autre personnage d’importance rencontré par Judith est le Dr Patel, un spécialiste de l’hypnose qui tentera de l’aider à retrouver ses anciens souvenirs. Mais cette science recèle plus d’un danger, comme l’apprendra Judith à ses dépens.
L’intrique très prenante de ce récit est organisée avec talent pour faire douter le lecteur. Tout en découvrant l’Angleterre – ses légendes, un chapitre important de son histoire, sa politique, … - on se demande constamment où se cache la vérité. Judith est-elle vraiment celle que l’on croit ? Quel rapport y a-t-il entre ses recherches et les attentats ? Sir Stephen deviendra-t-il premier ministre malgré son passé ?
A peine obtient-on une réponse à l’une de ces questions qu’une autre interrogation surgit. Une histoire pleine de détails intéressants et variés qui met en scène des personnages attachants et pleins de personnalité.
La seconde histoire, « Terreur dans le campus » se déroule aux Etats-Unis, lors d’une fête où se retrouvent d’anciens élèves et professeurs d’un lycée. Sur le chemin du retour, Kay disparaît et, malgré sa récente dispute avec son mari, ce dernier ne peut croire qu’elle l’a quitté. Il lui est arrivé quelque chose, il en est sûr, et il la retrouvera, avec ou sans aide.
L’intérêt principal de ce récit tient au fait que nous voyons tout à tour Kay – et ce qui lui arrive – et son mari, entouré d’une équipe qui l’aide dans son enquête. Nous découvrons petit à petit ce qui s’est passé, mais aussi les tentatives de Kay pour rejoindre son mari et l’enquête pour la sauver. L’intrigue se déroulant dans une seule ville, on voit les personnages se croiser sans se reconnaître mutuellement et s’occuper chacun de ses petites affaires, sans l’ombre d’un soupçon, ce qui fera battre notre cœur à tout rompre plus d’une fois.
La nouvelle suivant s’appelle « Un jour de chance » et est très courte (une trentaine de pages seulement). C’est celle des cinq histoires qui m’a le moins plu, malgré un magnifique coup de théâtre à la fin. On rencontre trois personnages – un couple et une de leurs connaissances – qui ont une vie plutôt grise jusqu’à ce jour qui, selon Bill, sera leur jour de chance. Mais Bill disparaît. Que lui est-il arrivé ?
L’intrigue de base est intéressante, mais je trouve qu’elle aurait mérité d’être plus développée. Le début est relativement lent et contient peut d’action, ce qui constitue un véritable contraste avec une fin extrêmement réussie. C’est toutefois une nouvelle quelque peu différente des autres qui présentées dans cet ouvrage, ce qui m’a sans doute déstabilisée : pas de véritable enquête, pas vraiment de suspense, des personnages trop ordinaires pour être attachants ou pour qu’on s’identifie à eux… Heureusement que la chute vient sauver le tout !
« L’une pour l’autre » conte la confrontation entre un assassin et sa victime. Victime qu’il pensait avoir tuée quelques années auparavant, mais il avait alors fait erreur sur la personne. Ce récit très bien ficelé se penche plutôt sur l’aspect psychologique des personnages, ce qui m’a beaucoup plu. On découvre la rencontre entre les deux protagonistes, ainsi que les méthodes utilisées par la victime pour tenter de sauver sa peau. Mais y parviendra-t-elle finalement ?
La dernière histoire est courte mais très touchante. « L’ange perdu » raconte comment une mère part à la recherche de son enfant, enlevé par son ex-mari, un criminel recherché par la police. Là aussi, nous avons deux points de vue différents : celui de la fillette et celui de sa mère. Toutes deux sont très émouvantes et leurs sentiments réciproques sont très bien analysés. L’enquête passe un peu au second plan, ce qui ne nuit en aucun cas au suspense. Parviendront-elles à se retrouver avant que quelque chose de terrible n’arrive ?
Les cinq nouvelles qui composent Le fantôme de Lady Margaret montrent une fois de plus le talent de Mary Higgins Clark pour l’écriture de romans policiers, mais dans un style un peu différent de celui dont on a l’habitude. Son jeu avec le suspense et les nerfs des lecteurs n’en est pas moins superbe, tout comme la grande variété des intrigues. J’ai apprécié le style courant et léger dans lequel les histoires sont racontées. J’ai toutefois repéré quelques fautes de français… mais rien à reprocher à l’auteur, puisqu’il s’agit d’une traduction.
Merci à mon père de m'avoir offert ce livre

0 comments:

Post a Comment